Tesla Model S Plaid 2023

Essai Tesla Model S Plaid, 1020 chevaux mais l’essentiel est ailleurs

Essais voitures électriques

La Tesla Model S Plaid est disponible en France depuis début 2023. Voici notre essai et nos premières impressions à son volant.

Roulant au quotidien avec une Tesla Model 3 Performance, et donc quelque peu habitué aux accélérations déjà invraisemblables que permet l’électrique, notamment sur les premières dizaines de mètres, j’étais curieux de connaître les sensations que procure la nouvelle Model S Plaid, avec son 0 à 100 abattu en 2,1 secondes. Ce qui au passage la place au niveau de l’accélération d’une F1 (voir le jour où j’ai piloté une F1), tout simplement, en tout cas dans les premières secondes.

Rendez-vous fut donc pris avec le service presse de Tesla France, qui me confiait le temps d’un week-end une magnifique Model S Plaid rouge intérieur crème, à qui il ne manquait que l’option freins céramique, ce qui ne m’a pas trop pénalisé puisque la boucle effectuée de Lyon à Annecy s’est faite dans le respect du code de la route et sans passage par un circuit.

Pour rappel, la Tesla Model S Plaid est la version la plus rapide de la gamme Model S de Tesla. Elle est équipée de trois moteurs synchrones à aimant permanent, un à l’avant et deux à l’arrière, qui sont encapsulés dans du carbone pour atteindre des vitesses de rotation jusqu’à 20 000 tours par minute et développer une puissance ahurissante de 1 034 ch/760 kW pour 1 400 Nm de couple.

Caractéristiques de la Tesla Model S Plaid 2023

La voiture peut donc atteindre les 100 km/h en seulement 2,1 secondes, en ligne droite, et à condition que l’on ait préalablement enclenché le mode dragster. La batterie Panasonic de 95 kWh annonce une autonomie théorique de 600 km avec une consommation moyenne de 18,7 kWh/100 km en cycle WLTP. La vitesse de pointe s’établit à 322 km/h, mais en réalité elle pour le moment « plafonnée » à 282 km/h car elle cela requiert mise à niveau matérielle qui n’est pas encore disponible. L’engin offre une expérience de conduite exceptionnelle grâce à sa puissance et son accélération fulgurante. Elle est également très confortable et silencieuse en conduite cool, offrant une expérience reposante même à haute vitesse. C’est tout simplement aujourd’hui la voiture électrique de grande série la plus performantes sur le marché, toutes catégories confondues. Bien qu’elle soit plus chère que certaines voitures élitistes telles que la Mercedes EQS AMG, elle offre un meilleur rapport qualité-prix dans sa catégorie. En somme, la Tesla Model S Plaid est une voiture électrique hautement performante qui offre une expérience de conduite exceptionnelle tout en étant confortable et silencieuse.

Voilà pour le brief technique.

Au-delà des chiffres vertigineux de performances et d’efficience pour une auto de cette taille, de ce poids et de cette puissance, c’est tout ce que l’on ne voit pas qui est peut-être le plus intéressant. Car Tesla a un peu travaillé à contre-courant des autres constructeurs. Souvent, ces derniers proposent un relooking de leurs modèles après 3 ou 4 années d’existence, qui est souvent essentiellement esthétique, sans grandes évolutions ou modifications techniques. Tesla a fait l’inverse : si la robe de la Model S 2023 ne change pratiquement pas par rapport à la version précédente (les différences cosmétiques ne seront visibles que par un œil connaisseur et exercé) dont les premiers exemplaires sont arrivés sur le marché il y a plus de 10 ans, c’est ce qui se passe sous le capot qui change radicalement. En clair la Model S de 2023, qu’elle soit Plaid ou Grande Autonomie, n’est absolument plus la même auto que ses versions précédentes. Alors que du point de vue look, elle semble ne pas subir le poids des années, et demeure une superbe et majestueuse berline, a fortiori avec ses magnifiques et imposantes roues noires de 21 pouces et ses ailes légèrement élargies qui lui confèrent cette assise racée.

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Tout a donc été revu du sol au plafond, les ingénieurs de Tesla ne gardant que la carrosserie pour repartir d’une feuille blanche sur tout le reste, et notamment la technologie au sens très large, allant des batteries et de leur système de gestion jusqu’aux fonctions intelligentes d’assistance à la conduite et le système d’infodivertissement matérialisé par un nouvel écran de 17 pouces monté sur un axe rotatif motorisé.

La Model S Dual Motor ou « Grande Autonomie » et la Model S Plaid disposent de deux groupes motopropulseurs entièrement nouveaux, qui utilisent tous deux des moteurs à aimant permanent. Pas besoin de réinventer l’eau chaude, Tesla s’est appuyé sur l’expérience acquise sur une décennie pour les développer et a tiré les enseignements des Model S, X, 3 et Y, dans le but de construire une berline performante mais également silencieuse, confortable et utilisable dans tous les scénarios comme véhicule du quotidien. Les moteurs de la nouvelle Model S ont débuté leur carrière avec la Model 3 et avec des modifications de conception et de fabrication relativement simples, reproduites de différentes façons sur nos véhicules.

Côté batterie, il y a également une avancée significative, partagée entre les Model S Dual Motor et Plaid. Toute l’architecture du pack a été repensée pour des performances plus élevées. La capacité thermique a été multipliée par trois par rapport à notre batterie précédente et peut désormais délivrer 15 % d’énergie en plus, pour des performances maintenues en phase de conduite sportive. On note également, à l’instar des Model 3 et Y depuis la génération 2021 l’arrivée d’une pompe à chaleur qui est censée améliorer l’autonomie notamment par temps froid, ainsi que d’une batterie 12V Li-Ion en lieu et place de l’acide de plomb traditionnellement utilisé dans ce type de batterie.

Design intérieur, vie à bord

Là aussi, le changement est radical et c’est une nouvelle auto qui vous accueille à bord. Fini le grand écran vertical inséré au chausse-pied dans la console centrale. Le nouveau cockpit est beaucoup raffiné, voire élégant, et la qualité de finition, de matériaux et d’assemblage a fait un grand bond en avant, avec des textures en cuir vegan, bois, métal ou verre, sans aucun plastique apparent dans l’habitacle. Ce n’est pas encore tout à fait du premium à l’européenne, mais cela y ressemble beaucoup. A cet égard j’ai été très agréablement surpris par un indice sonore qui ne ment pas et qui évoque immédiatement la qualité : le bruit – ou plutôt le son – de la fermeture des portières, presque digne de celui d’une Audi ou d’une Merco, loin du bruit de gamelle de la Model 3.

Pour le reste, le confort est royal, la position de conduite réglable en plusieurs paramètres entre le volant et les sièges électriques est idéale, même si j’ai trouvé que les sièges apportaient moins de maintien lombaire et latéral que ceux de la Model 3, typés un peu plus sportifs. Un signe qui montre que l’on a affaire à une grande routière surtout à l’aise sur l’autobahn et les grands axes californiens, de préférence en ligne droite.

J’étais également très curieux de manipuler les clignotants, que l’on n’active plus à l’aide d’un commodo traditionnel mais à l’aide de deux boutons à retour haptique situés sur la branche gauche du volant « yoke ». Bonne surprise, on s’y fait très vite et c’est plutôt agréable, mais ce n’est pas toujours optimal d’un point de vue ergonomique. J’ai eu un exemple sur l’autoroute, ou je devais changer de voie pour prendre une sortie avec le soleil en face, dans les yeux, et je ne voyais pas les (petits) boutons sur le volant, après avoir tâtonné dans le vide, j’ai donc dû effectuer ma manœuvre sans pouvoir activer le clignotant. Je pense qu’avec un peu d’habitude, et une fois que notre cerveau a enregistré la position des boutons, le problème ne se pose plus.

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Autre curiosité ergonomique, la commande de marche avant/arrière/stop/frein à main. Là non plus il n’y a plus de manette à droite du volant puisque cette commande a été dématérialisée et intégrée dans le grand écran tactile central. En fait, à gauche de celui-ci figure un slider vertical (ou tirette) qui permet de sélectionner la marche avant (pousser la tirette vers le haut), la marche arrière (vers le bas) et le point mort frein de parking (au centre). Pareil, on s’y fait très vite malgré quelques ratés comme ceux que vous pouvez connaitre quand vous déverrouillez votre iPad avec le même genre de slider.

Le volant yoke de la Tesla Model S Plaid, finalement une bonne surprise ?

Enfin, le fameux volant yoke en forme de volant de F1 donne un style unique et très stylé au cockpit de la voiture, et il est un peu moins déroutant que je ne le redoutais. En fait, pour la plupart des manœuvres cela ne pose pas de problème particulier, et on s’y fait aussi très vite. Il n’y que dans les parkings ou les virages serrés pris en conduite un peu sportive que cela peut parfois coincer. Cela étant, s’il ne vous plait pas, vous pouvez maintenant commander une Model S avec un volant normal, sans surcoût. Cela aura moins de gueule pour frimer en ville, mais vous gagnerez peut-être en confort de conduite.

Enfin, au-delà de la forme particulière, Le volant de la Model S a différentes fonctions, comme le réglage de sa position, le changement de station de radio, le contrôle du volume des médias, le réglage de ce qui apparaît sur le côté gauche du tableau de bord lorsque la navigation n’affiche pas d’instructions, l’ouverture des portes et du coffre, le réglage de la pression des pneus et la régulation de la vitesse de ventilation. Notez également que la console centrale, pleine d’espaces de rangement, est équipée d’un double panel de recharge par induction pouvant donc accueillir deux smartphones.

Les passagers arrière n’ont pas été oubliés. En plus de l’espace royal dont ils disposent pour les jambes, ils bénéficient d’un écran situé à l’arrière de la console centrale, entre les deux sièges avant, qui offre plusieurs fonctionnalités comme le visionnage de vidéos, la gestion des sièges chauffants et de la climatisation. Des jeux seront bientôt disponibles sur cet écran à l’occasion d’une prochaine mise à jour.

Clairement, l’ambiance est à l’incitation au voyage et au grand tourisme à bord de cette nouvelle Model S.

Eric Dupin Tesla Model S Plaid 2023
Une belle bête (la voiture)

Ambiance Tesla, accélérations à vous fâcher avec vos passagers

Au volant, l’ambiance Tesla est là, faite de silence et d’une alternance de douceur et de brutalité sauvage qui colle votre cerveau au fond de votre boîte crânienne à la moindre sollicitation de l’accélérateur. J’ai emmené un de mes proches, pas craintif, qui roule aussi en électrique, donc roué au couple instantané de ce mode de motorisation, mais cependant peu habitué aux accélérations démoniaques des Tesla. Lorsque j’ai fait un départ arrêté en mode Dragster (le plus puissant), alors même que je l’avais prévenu, il m’a demandé de lever le pied au bout de quelques secondes, pris de vertiges et – pensait-il – à deux doigts de perdre connaissance ! En fait, au-delà du démarrage hyper brutal grâce au couple et à la motricité phénoménaux, c’est le côte continu et ne faiblissant pas de l’accélération qui lui a fait perdre ses repères et donné l’impression de tourner de l’œil. C’est un fait, même la plus performante des thermiques, peut-être même une F1, ne fournit une telle débauche de puissance instantanée dans les premiers mètres, ce coup de pied au derrière que seul l’électrique peut procurer.

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Sinon, en termes de conduite sur route, la voiture est agréable, réactive, très confortable, mais j’ai trouvé le train avant un peu paresseux et moins incisif que celui de la Model 3, plus légère, et avec un porte-à-faux avant moins important. Le freinage est correct, mais on sent qu’il ne faudrait pas trop le solliciter vu le poids et la capacité de vitesse instantanée de la bête.

Côté autonomie, je n’ai pas fait de test approfondi car ce n’était pas l’objet de cet essai, mais sachez que je suis parti de Lyon avec un compteur indiquant 550 km d’autonomie, et qu’au retour il me restait environ 170 km de batterie, sachant que la boucle effectuée totalisait environ 300 kilomètres, mi-route, mi-autoroute. Ce qui donnerait à la louche 470 km de rayon d’action réels, avec aussi pas mal de routes montagneuses à l’aller et quelques sollicitations de l’accélérateur en mode Dragster. Mais, ayant un peu d’habitude et de recul sur la gestion de l’autonomie avec ce genre d’auto, je n’ai aucun doute sur le fait que bien menée au quotidien (et pas en mode essai) elle atteigne les 600 km de rayon d’action WLTP hors autoroute.

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En conclusion

La Model S reste une auto fantastique à bien des points de vue, qui survole encore la concurrence sur de nombreux aspects, notamment sur l’efficience incroyable (moins de 18 kWh/100 km pour une auto de 1020 chevaux et 2,2 tonnes est proprement hallucinant), les performances, la technologie embarquée, et même le rapport qualité prix. Contre toute attente, elle n’a pas vieilli, et a même subi une vraie cure de jouvence avec cette nouvelle génération. La question est de savoir si le choix de cette version Plaid est vraiment indispensable, car les occasions de claquer un 0 à 100 en deux secondes sont quand même rares, et c’est là sa seule valeur ajoutée par rapport à la version Grande Autonomie, juste un peu plus sage, et qui vous fera économiser 25 000 euros pour des prestations identiques, hormis le mode Dragster.

Tarifs de la Tesla Model S 2023 (hors options) :

  • Tesla Model S Grande Autonomie : 103 990 €
  • Tesla Model S Plaid : 128 990 €
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